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66 ŒUVRES

gez VOUS pas autant de tous les peschez du monde ? Si vous ne regardez que Dieu et Finterrest de [la conscience de] vos proches, pourquoy, lorsque vous en avez veu tomber dans de plus grands peschez et de plus grande infidélité au regard de Dieu, n'avez vous pas autant pleuré comme à cette heure que vous veoyez qu'ils ont manqué à l'amitié qu'ils vous dévoient. Je luy respondis, comme je le croyois véritable, que je n'estois touchée que de l'injustice qu'on faisoit à la Maison, et que pour ce cpii ne regardoit que moy je ne sentois aucun mouvement d'aigreur ny de douleur, et qu'il me sembloit estre insensible de ce costé là. « \ous vous trompez, ma fdle, me dit-elle, il n'y a rien d'outra- geant ny d'affligeant comme l'amitié blessée ^ et principale- ment à une personne qui est tendre comme vous ; car vous en avez eu une véritable pour eux, et vous voyez que la leur n'a pas esté pareille. Ce n'est pas que je ne sçache bien qu'ils vous ayment ; mais voyez vous, ils sont en- core du monde, et quoy que l'on doive reconnoistre qu'ils ont receu de grandes grâces, et qn'ils ont beaucoup de lumière dans les choses de Dieu, neantmoins on agit au monde, comme au monde, c'est à dire que le propre in- terrest marche toujours le premier; et c'est de cela que vous estes choquée sans y penser, car il est vray que vous n'avez pas fait de mesme ; mais c'est aussy que vous n'estiez desja plus du monde, encore que vous n'en fus- siez pas sortie. Et pour preuve que c'est vous mesme que vous regardez là dedans, et non pas seulement l'injustice que la Maison souffre, comme vous pensez — quoy que je sçache bien que c'est ce qui vous touche le plus, mais d'une manière qui vous regarde — c'est que vous n'estes

I. Les mots sviivants jusqu'à comme vous manquent dans le second Recueil Gazier.

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