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voir, me réduisant pour toutes choses à une somme très peu considérable qu'ils m'avoient fait toucher avant ma vesture, et que j'avois employée par avance en quelques charitez, sans me mettre en peine de les en avertir, non par mespris de leur consentement, mais par ce que je le tenois pour tout donné, et vous sçavez ^ [que j'avois] rai- son de croire qu'ils approuveroient tout ce que je ferois.

Jugez, je vous supplie, ma chère Mère, ^[de] Pestât où me mirent ces lettres d'un stile si différent de nostre ma- nière ordinaire d'agir, et qui d'ailleurs me mettoient abso- lument en estât ou de différer ma profession de quatre ans pour retirer mon bien de l'engagement où il estoit pour la garentie des autres lots, sans mesme estre asseurée qu'il peust estre entièrement libre d'ailleurs, ou de recevoir la confusion d' estre receuë gratuitement et d'avoir le des- plaisir de faire cette injustice à la Maison. Aussy la dou- leur que je ressentis fut si violente, que je ne puis assez m'estonner de n'y avoir point succombé.

Aussy tost que la M. Agnes sceut que j'estois affligée, elle m'envoya quérir ; et ayant appris que ce qui me tou- choit le plus sensiblement estoit la nécessité, ou de dif- férer ce que je souhaittois depuis tant d'années avec' une extrême ardeur, ou de le faire avec des conditions qui m'estoient si pénibles, elle me dit plusieurs choses pour me consoler sur ce que ce qui n'est que temporel ne doit jamais troubler parce qu'il n'est jamais irrémédiable — que tout ce qui n'est pas éternel ne doit point toucher — qu'il faut reserver les larmes pour pleurer ses peschez qui sont les véritables malheurs — et qu'il falloit regarder aux

��1. Le manuscrit porte, par erreur évidemment, qu'ils avoieni.

2. Ms. si.

2>. « tant de passion. »

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