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PASCAL A FERMAT 403

gré à gré qu'on joue quatre parties complètes, c'est- à-dire qu'on jette les quatre dez à deux faces tous à la fois, n'est-il pas vray, dis-je, que s'ils ont délibéré de jouer les quatre parties, le party doit estre tel que nous avons dit, suivant la multitude des assiettes fa- vorables à chacun ?

Il en demeura d'accord et cela en effet est démon- stratif; mais il nioit que la mesme chose subsistât, en ne s'astreignant pas à jouer les quatre parties. Je luy dis donc ainsi :

N'est-il pas clair que les mesmes joueurs, n'étant pas astreints à jouer [les] quatre parties, mais vou- lant quitter le jeu des que l'un auroit atteint son nombre, peuvent, sans dommage ni advantage, s'as- treindre à joiier les quatre parties entières et que cette convention ne change en aucune manière leur con- dition? Car, si le premier gagne les deux premières parties de quatre et qu'ainsi il ait gagné, refusera- t-il de jouer encore deux parties, veu que, s'il les gagne, il n'a pas mieux gagné, et s'il les perd, il n'a pas moins gagné, car ces deux que l'autre a gagné ne luy suffisent pas, puisqu'il lui en faut trois, et ainsi il n'y a pas assez de quatre parties pour faire qu'ils puissent tous deux atteindre le nombre qui leur manque.

Certainement il est aisé de considérer qu'il est ab- solument égal et indiffèrent à l'un et à l'autre de jouer en la condition naturelle à leur jeu, qui est de finir des qu'un aura son compte, ou de jouer les quatre parties entières : donc, puisque ces deux

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