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LETTRE DE FERMAT A CARCAVn

Monsieur,

J'ay été ravi d'avoir eu des sentimens conformes à ceux de M. Pascal, car j'estime infiniment son génie et je le crois très capable de venir à bout de tout ce qu'il entre- prendra. L'amitié qu'il m'offre m'est si chère et si consi- dérable, que je crois ne devoir point faire difficulté d'en faire quelque usage en l'impression de mes Traitez.

Si cela ne vous choquoit point, vous pourriez tous deux procurer cette impression, de laquelle je consens que vous soyez les maîtres ; vous pourriez eclaircir ou aug- menter ce qui semble trop concis et me décharger d'un soin que mes occupations m'empeschent de prendre. Je désire mesme que cet Ouvrage paroisse sans mon nom, vous remettant, à cela près, le choix de toutes les désignations qui pourront marquer le nom de l'auteur que vous qualifierez votre amy.

Voicy le biais que j'ay imaginé pour la seconde Partie qui contiendra mes inventions pour les nombres. C'est un travail qui n'est encore qu'une idée, et que je n'aurois pas le loisir de coucher au long sur le papier; mais j'en- voyeray succinctement à M. Pascal tous mes principes et mes premières démonstrations, de quoy je vous reponds à

I. On sait que Fermai avait beaucoup de peine à mettre à jour ses recherches mathématiques. Une grande partie de ses travaux, sur la théorie des nombres en particulier, n'ont jamais été rédigés. C'est pourquoi il lui vient à l'idée de se servir de Pascal, en prenant Gar- cavi comme négociateur. Les espérances de Fermât devaient d'ail- leurs être promptement déçues, (Voir les lettres suivantes).

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