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ŒUVRES

le Recipient, et en ayant ensuite bien bouché l’ouverture, il le fit vuider par le moyen de la Pompe ; et à mesure qu’il se vuidoit, l’on voyoit la vessie s’enfler, en sorte qu’avant mesme que le Recipient fut autant des-empli d’Air que l’on pouvoit le des-emplir, elle paroissoit entierement tenduë, et aussi bandée que si l’on y eut soufflé de l’Air. Pour estre encore plus assuré que l’enfleure de cette vessie venoit de ce qu’on ostoit l’Air qui l’environnoit et qui la pressoit, il fit lever un peu la clef de robinet qui estoit au haut du Recipient, pour y faire rentrer de l’Air petit à petit ; et à mesure qu’il y entroit, l’on voyoit la vessie se ramollir peu à peu, et enfin, quand on y laissoit entrer tout à fait l’Air, elle devenoit aussi flasque qu’auparavant.

Il rapporte sur ce sujet une experience toute pareille que l’on faisoit avec une vessie de Carpe, dont il attribue l’invention à Monsieur de Roberval[1].

Il a refait plusieurs fois cette mesme experience avec la vessit d’Agneau, et il remarque que, lorsqu’il y laissoit trop d’Air, elle se crevoit, et en crevant faisoit un bruit semblable à celui d’un petart.

Pour rendre raison de cet effet par nostre principe, il n’y a qu’à dire en un mot qu’il est tout pareil à celuy qui a esté rapporté dans le Traitté de la Pesanteur de l’Air, page 53. d’un balon qui s’enfle ou se des-enfle, à mesure qu’on le monte au haut d’une montagne, ou qu’on l’en fait descendre, puisqu’on voit de mesme cette vessie d’Agneau s’enfler à mesure qu’on diminuë l’Air qui la comprimoit et qui la faisoit paroistre molle et flasque.

IV. Il remarque encore, par plusieurs experiences qu’il a faites, qu’en vuidant un vase de verre qui ne soit pas rond, mais seulement d’une figure ovalique, il se casse toûjours, quoy qu’on le fasse fort épais ; au lieu que quand il est tout à fait rond comme une boulle, quoy qu’il soit beaucoup plus

  1. Sur l’expérience de la vessie, vide supra, t. II, p. 295 sqq.