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ŒUVRES

encore davantage le principe qu’on y a estably de la pesanteur de la masse de l’Air.

Une des choses les plus remarquables qui soit dans ce livre des Experiences de Monsieur Boyle, est la machine dont il s’est servy pour les faire ; Car comme il est impossible d’oster tout l’air d’une chambre, et qu’on ne s’estoit avisé que de vuider le bout d’un tuyau bouché par en haut par le moyen du vif argent ; cet espace vuide estant si petit, l’on n’y pouvoit faire aucune experience considerable.

Au lieu que se servant d’une machine dont la premiere invention est deüe à ceux de Magdebourg[1] mais qu’il a depuis beaucoup perfectionnée, il a trouvé moyen de vuider un fort grand vase de verre qui a une grande ouverture par en haut, par le moyen de laquelle on y peut mettre tout ce que l’on veut, et voir au travers du verre ce qui arrive quand on l’a vuidé.

Cette machine est composée de deux principales parties ; sçavoir, d’un grand vase de verre, qu’il appelle Recipient à cause de la ressemblance qu’il a avec les vases dont se servent les Chimistes, et qu’ils appellent de ce nom ; et d’un autre vase qu’il appelle Pompe, à cause qu’il sert à attirer et à suçer l’Air contenu dans le Recipient.

Le premier vase, nommé Recipient est d’une figure ronde comme une boulle, pour estre plus fort, et pouvoir mieux resister à la pression de l’Air quand on le vuide. Il est d’une telle grandeur, qu’il peut contenir 60. livres d’eau à 16. onces la livre ; c’est à dire environ 30. pintes mesure de Paris. Et c’est, dit-il, le plus grand que les ouvriers ayent pû faire.

Il a par en haut une ouverture fort large, et un couvert propre pour la boucher, qui est encore persé par le milieu, et que l’on bouche avec une clef de robinet que l’on leve plus ou moins ou tout à fait, pour faire rentrer autant d’Air que l’on veut dans le Recipient que l’on a vuidé.

Outre cette ouverture d’en-haut, le Recipient en a encore

  1. Otto de Guericke et Schott (ibid., p. 3).