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ŒUVRES

A l’âge de dix-neuf ans il inventa cette machine d’Arithmetique qui a esté estimée une des plus extraordinaires choses qu’on ait jamais veuë. Et ensuite a l’âge de vingt-trois ans ayant veu l’experience de Toricelli, il en inventa et en fit un tres grand nombre d’autres nouvelles. Et comme ce sont celles dont il a composé les deux Traitez de L’Equilibre des liqueurs, et de la Pesanteur de L’air, et qui en sont le sujet, il est necessaire d’en faire icy l’histoire plus exactement, et de reprendre la chose de plus haut.


HISTOIRE DES EXPERIENCES DU VUIDE


Galilée est celuy qui a remarqué le premier que les Pompes aspirantes ne pouvoient élever l’eau plus haut que 32. ou 33. pieds, et que le reste du tuyau s’il estoit plus haut demeuroit apparemment vuide[1]. Il en avoit seulement tiré cette conséquence que la nature n’a horreur du vuide que jusqu’à un certain point, et que l’effort qu’elle fait pour l’éviter est finy, et peut estre surmonté, sans se détromper encore de la fausseté du principe mesme. Ensuite en l’an 1643. Toricelli Mathematicien du duc de Florence et successeur de Galilée trouva qu’un tuyau de verre de quatre pieds ouvert seulement par un bout et fermé par l’autre, estant remply de vif argent, l’ouverture en estant bouchée avec le doigt ou autrement, et le tuyau disposé perpendiculairement a l’horison, l’ouverture bouchée estant vers le bas, et plongée deux ou trois doigt dans d’autre vif argent contenu en un vaisseau moitié plein de vif argent, et l’autre moitié d’eau ;

    tres par Clerselier, page 217) ; elle ne dit rien de ce que la préface rapporte ici (Vide supra, t. I, p. 246).

  1. Vide supra, t. II, p. 67 et t. III, p. 263. Libri, Histoire des sciences mathématiques en Italie, 1841, t. IV, p. 270, fait observer que l’anecdote du dialogue entre Galilée et le fontainier de Florence a sans doute son origine dans ce passage de Perier, et qu’elle est controuvée. Cf. Th. Henri Martin, Galilée, 1868, p. 820.