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TRAITÉ DE LA PESANTEUR DE LA MASSE DE L’AIR

vera que le vif argent qui est dans la recourbure montera tout d’un coup dans le tuyau jusques à la hauteur de 26. ou 27. poulces, parce que l’Air, tombant tout d’un coup sur le vif argent, le fera incontinent monter à la hauteur capable de le contrepeser, et mesme, à cause de la violence de sa chûte, il le fait monter un peu au delà de ce terme ; mais il tombera ensuite un peu plus bas, et puis il remontera encore ; et aprés quelques allées et venuës, comme d’un poids suspendu au bout d’un fil, il demeurera ferme à une certaine hauteur, à laquelle il contrepese l’Air precisément.

D’où l’on voit que quand l’Air ne pese point sur le vif argent qui est au bout recourbé, celuy du tuyau tombe entierement, et que par consequent, si on avoit porté ce tuyau en un lieu où il n’y eût point d’Air, ou, si on le pouvoit, jusques au dessus de la Sphere de l’Air, il tomberoit entierement.


Conclusion des trois derniers Chapitres.


D’où il se conclut qu’à mesure que la charge de l’Air est grande, petite ou nulle, aussi la hauteur où l’eau s’éleve dans la Pompe est grande, petite ou nulle, et qu’elle luy est toûjours precisément proportionnée comme l’effet à sa cause.

Il faut entendre la mesme chose de la difficulté d’ouvrir un soufflet bouché, etc.