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ŒUVRES

le tuyau d’en bas par le trou M ; mais le vif argent du tuyau d’en bas tombera en partie seulement, et demeurera suspendu aussi en partie, à une hauteur de 26. à 27. poulces, suivant le lieu et le temps où l’on en fait l’épreuve. Or la raison de cette difference est que l’Air pese sur le vif argent qui est dans l’écuelle au bout du tuyau d’en bas ; et ainsi il tient son vif argent du dedans suspendu, et en Equilibre : mais il ne pese pas sur le vif argent qui est au bout recourbé du tuyau d’en haut ; car le doigt ou la vessie qui le bouche, empeschent qu’il n’y ait d’accés : de sorte que, comme il n’y a aucun Air qui pese en cet endroit, le vif argent du tuyau tombe librement, parce que rien ne le soûtient et ne s’oppose à sa chute.

Mais comme rien ne se perd dans la nature, si le vif argent qui est dans la recourbure ne sent pas le poids de l’Air, parce que le doigt qui bouche son ouverture l’en garde, il arrive, en recompense, que le doigt souffre beaucoup de douleur ; car il porte tout le poids de l’Air qui le presse par dessus, et rien ne le soutient par dessous : aussi il se sent pressé contre le verre, et comme attiré et sucé au dedans du tuyau, et une empoulle s’y forme, comme s’il y avoit une ventouze, parce que le poids de l’Air pressant le doigt, la main et le corps entier de cet homme de toutes parts, excepté en la seule partie qui est dans cette ouverture où il n’a point d’accés, cette partie s’enfle, et souffre par la raison que nous avons tantost dite.

Et si on oste le doigt de cette ouverture, il arri-