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ŒUVRES

l’ouvrir, et de mesme dans du lait, dans de l’huile, dans du vif argent, et enfin dans quelque liqueur que ce soit. C’est donc une regle generale, et un effet necessaire du poids des liqueurs : que si un soufflet est mis dans quelque liqueur que ce soit, en sorte qu’elle n’ait aucun accés dans le corps du soufflet, le poids de la liqueur qui est au dessus fait qu’on ne peut l’ouvrir sans sentir de la resistance, parce qu’on ne sçauroit l’ouvrir sans la supporter ; et par consequent, en appliquant cette regle generale à l’Air en particulier, il sera veritable que, quand un soufflet est bouché, en sorte que l’Air n’y a point d’accés, le poids de la masse de l’air qui est au dessus fait qu’on ne peut l’ouvrir sans sentir de la resistance, parce qu’on ne sçauroit l’ouvrir sans faire hausser toute la masse de l’Air : mais dés qu’on y fait une ouverture, on l’ouvre et on le ferme sans resistance, parce que l’Air y peut entrer et sortir, et qu’ainsi en l’ouvrant on ne hausse plus la masse de l’Air ; ce qui est tout conforme à l’exemple du soufflet dans l’eau.

D’où l’on voit que la difficulté d’ouvrir un soufflet bouché, n’est qu’un cas particulier de la regle generale de la difficulté d’ouvrir un soufflet dans quelque liqueur que ce soit, où elle n’a point d’accés.

Ce que nous avons dit de cet effet, nous allons le dire de chacun des autres, mais plus succinctement.