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ŒUVRES

Mais c’est trop differer ; il faut dire en un mot que l’épreuve en a esté faite, et qu’elle a réussi en cette sorte.


Experience faite en deux lieux, élevez l’un au-dessus de l’autre d’environ 500. toises.


Si[1] l’on prend un balon à demy plein d’Air, flasque et mol, et qu’on le porte au bout d’un fil sur une montagne haute de 500. toises, il arrivera qu’à mesure qu’on montera, il s’enflera de luy mesme, et quand il sera en haut, il sera tout plein et gonflé comme si on y avoit souflé de l’Air de nouveau ; et en redescendant, il s’applatira peu à peu par les mesmes degrez ; de sorte qu’estant arrivé au bas, il sera revenu à son premier estat.

Cette experience prouve tout ce que j’ay dit de la

  1. C’est Pascal lui-même qui avait effectué l’expérience, lors de son séjour à Clermont (1649–1650, vide supra, t. I, p. 156 sqq). Voici le texte de Gassendi dans sa Lettre à Bernier, de Digne, 7 août 1652 : « Posset totum hoc ratiocinium eo confirmari experimento, quod mirificus Paschalius peregit ; cum montem illum Dommam conscendens, detulit secum follem lusorium, quem cum ad radicem montis leviter inflasset, et flaccidus cum foret, hinc inde in formam disci pressisset, deprehendit ipsum sic sensim inter conscendendum distendi, ut ad summum cum pervenisset, foret in orbem compositus ; deprehendit vero et eumdem inter exscendendum, sic sensim laxari, detumescereque, ut in imo tandem flaccidus perinde, ac ante fuerat, evaserit » (Œuvres, Éd. Lyon, 1658, t. VI, p. 318 et t. I, p. 215). M. Strowski remarque que Gassendi et Boyle trouvent cette expérience, qui est d’ailleurs la suite des fameuses expériences de Roberval, plus décisive encore que l’expérience exécutée par Perier (Histoire de Pascal, 1907, p. 182).