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ŒUVRES

contre : de sorte que si, au lieu de ces deux tuyaux que nous avons figurez à ces deux ouvertures, on y mettoit deux Vaisseaux qui aboutissent aussi à ces deux ouvertures, mais qui fussent larges en quelques endroits, estroits en d’autres, et enfin tous irreguliers dans toute leur estenduë, en y versant des liqueurs à la hauteur que nous avons dit, ces liqueurs seroient aussi bien en Equilibre dans ces tuyaux irreguliers, que dans les uniformes, parce que les Liqueurs ne pesent que suivant leur hauteur, et non pas suivant leur largeur[1].

Et la demonstration en seroit facile, en inscrivant en l’un et en l’autre plusieurs petits tuyaux reguliers ; car on feroit voir, par ce que nous avons démontré, que deux de ces tuyaux inscripts, qui se correspondent dans les deux Vaisseaux, sont en Equilibre : donc tous ceux d’un Vaisseau seroient en Equilibre avec tous ceux de l’autre. Ceux qui sont accoutumez aux inscriptions et aux circonscriptions de la Geometrie, n’auront nulle peine à entendre cela ; et il seroit bien difficile de le démontrer aux autres, au moins Geometriquement.

Figure IX. — Si l’on met dans une riviere un tuyau recourbé par le bout d’en bas, plein de vif argent, en sorte toutefois que le bout d’en haut soit hors de l’eau, le vif argent tombera en partie, jusques à ce qu’il soit baissé à une certaine hauteur, et puis il ne baissera plus, mais demeurera suspendu en cet estat ;

  1. Voir l’énoncé du principe de Stevin, p. 158, n. 1.