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ŒUVRES

est à l’ouverture, et chaque portion du Vaisseau plus ou moins grande, souffre precisément plus ou moins à proportion de sa grandeur, soit que cette portion soit vis à vis de l’ouverture ou à costé, loin ou prez ; car la continuité et la fluidité de l’eau rend toutes ces choses là égales et indifferentes : De sorte qu’il faut que la matiere dont le Vaisseau est fait, ait assez de resistance en toutes ses parties pour soûtenir tous ces efforts : si sa resistance est moindre en quelqu’une, elle creve ; Si elle est plus grande, il en fournit ce qui est necessaire, et le reste demeure inutile en cette occasion : tellement que si on fait une ouverture nouvelle à ce Vaisseau, il faudra, pour arrester l’eau qui en jalliroit, une force égale à la résistance que cette partie devoit avoir, c’est à dire une force qui soit à celle d’une livre, comme cette derniere ouverture est à la premiere.

Voicy encore une preuve qui ne pourra estre entenduë que par les seuls Geometres[1], et peut estre passée par les autres.

Je prends pour principe, que jamais un corps ne se meut par son poids, sans que son centre de gravité descende. D’où je prouve que les deux pistons

  1. Les géomètres sont ceux qui ont lu les Opera Geometrica Evangelistæ Torricelli publiées à Florence, en 1644 ; dans le second des traités du Recueil, De Motu gravium naturaliter descendentium au livre premier, se trouvent les termes mêmes du principe dont Pascal part ici : « Præemittimus Duo gravia simul conjuncta ex se moveri non posse, nisi centram commune gravitatis ipsoram descendat » (p. 99). M. Duhem a écrit l’histoire du Principe de Torricelli dans le chapitre XV des Origines de la Statique (t. II, 1906, p. 1 suiv.).