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ŒUVRES

qui communique de l’un des Pistons à l’autre, et qui fait que l’un ne peut se mouvoir sans pousser l’autre, il est visible que quand le petit Piston s’est meu d’un poulce, l’eau qu’il a poussée, poussant l’autre Piston, comme elle trouve son ouverture cent fois plus large, elle n’y occupe que la centiéme partie de la hauteur : de sorte que le chemin est au chemin, comme la force à la force. Ce que l’on peut prendre mesme pour la vraye cause de cet effet : estant clair que c’est la mesme chose de faire faire un poulce de chemin à cent livres d’eau, que de faire faire cent poulces de chemin à une livre d’eau ; et qu’ainsi, lors qu’une livre d’eau est tellement ajustée avec cent livres d’eau, que les cent livres ne puissent se remuer un poulce qu’elles ne fassent remuer la livre de cent poulces, il faut qu’elles demeurent en Equilibre, une livre ayant autant de force pour faire faire un poulce de chemin à cent livres, que cent livres pour faire faire cent poulces de chemin à une livre.

On peut encore ajoûter, pour plus grand éclaircissement, que l’eau est également pressée sous ces deux Pistons ; car si l’un a cent fois plus de poids que l’autre, aussi en revanche il touche cent fois plus de parties ; et ainsi chacune l’est également[1] ;

  1. « La preuve de cecy ne dépend que d’un seul principe, qui est le fondement general de toute la Statique, a sçavoir qu’il ne faut ny plus ny moins de force, pour lever un cors pesant à certaine hauteur, que pour en lever un autre moins pesant à une hauteur d’autant plus grande qu’il est moins pesant, ou pour en lever un plus pesant à une hauteur d’autant moindre. Comme par exemple que la force qui peut lever un