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ŒUVRES


Chapitre II.Pourquoy les liqueurs pesent suivant leur hauteur.


On voit, par tous ces exemples, qu’un petit filet d’eau tient un grand poids en Equilibre : il reste à montrer quelle est la cause de cette multiplication de force ; nous l’allons faire par l’experience qui suit.


Figure VII.Nouvelle sorte de Machine pour multiplier les forces.


Si un Vaisseau plein d’eau, clos de toutes parts, a deux ouvertures, l’une centuple de l’autre : en mettant à chacune un Piston qui luy soit juste[1], un homme poussant le petit Piston égalera la force de cent hommes, qui pousseront celuy qui est cent fois plus large, et en surmontera quatre vingt dix neuf.

Et quelque proportion qu’ayent ces ouvertures, si les forces qu’on mettra sur les Pistons sont comme

  1. M. Duhem (ibid., p. 605) a retrouvé le prototype de cet exemple dans l’ouvrage de Giovanni-Battista Benedetti (Diversarum speculationum liber, Turin, 1585), à cette différence près que « Benedetti a substitué » seulement « un piston à une colonne d’eau de même poids, d’abord dans le tuyau étroit, puis dans le large corps de pompe ; s’il eût fait cette substitution en même temps dans les deux tuyaux, il eût été le véritable inventeur de la presse hydraulique. L’incidente de Pascal : qui lui soit juste, est peut-être même un souvenir direct de Benedetti : dummodo illud corpus ita sit adæquatum concavitati fistulæ F quod non permittat transitum aliquem aquæ vel aeris inter convexum ipsius corporis, et devexum ipsius fistulæ (p. 288).