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TRAITÉ DE L’ÉQUILIBRE DES LIQUEURS

est pesant ; il n’y a pas d’autre cause à faire intervenir pour l’explication des phénomènes que la pesanteur de la masse de l’air. L’équilibre entre une masse gazeuse et une colonne liquide n’est qu’un cas particulier de l’équilibre que l’on observe entre deux colonnes liquides dans des vases qui communiquent : ou, si l’on préfère, l’équilibre des fluides gazeux, que l’ « insensibilité » des gaz rend si difficile à imaginer, est exactement analogue à l’équilibre des fluides liquides dont il est bien plus facile de saisir et de mesurer les conditions[1]. De là l’idée originale de Pascal : faire du Traité de la pesanteur de la masse de l’air, où seront rapportées les premières expériences sur le vide et résolues les controverses théoriques qu’elles ont soulevées, le corollaire du Traité de l’équilibre des liqueurs, où sont décrits et expliqués les phénomènes fondamentaux de l’hydrostatique.

Les ressources que Pascal trouvait devant lui pour l’étude de l’hydrostatique, nous les connaissons de la façon la plus précise par l’encyclopédie physico-mathématique dont Mersenne s’était fait l’éditeur. Tout d’abord, dans l’Universæ geometriœ mixtæque mathematicæ synopsis (1644), Mersenne avait reproduit à nouveau les propositions du traité d’Archimède περὶ τῶν ὀχουμενῶν, hoc de insidentibus in humido. D’autre part, dans les Cogitata physico-mathematica, qui paraissent la même année, il fait la plus grande place à l’étude des phénomènes hydrauliques, mettant à contribution Galilée, dont il fait en passant l’éloge funèbre[2], et Stevin dont il reproduit les définitions et les théorèmes : « Jam vero, dit-il en terminant la courte introduction à l’Ars navigandi hydrostaticæ liber primus, quæ vel Stevinus vel observationes nostræ docuerint, consideremus[3]. » À Stevin il empruntait les lois de la pression exercée par le liquide sur le fond des vases, avec le paradoxe hydrostatique qui en est la conséquence. Il y ajoutait,

  1. Voir la page de Cournot, citée dans notre Introduction, t. I, p. xxii.
  2. Voir p. 193.
  3. Voir p. 225.