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ŒUVRES

subtile et abstraite, qui fait infiniment plus de part à l'art de plaire dans la conversation qu'à la passion véritable ; cette analyse tout intellectuelle n'a pu être écrite qu'avec un sang-froid parfait, et peut-être est-elle née d'une gageure tenue contre Méré ou quelque autre de ses amis, qui aurait mis le mathématicien qu'était Pascal au défi de traiter galamment de l'amour ? » Depuis la question a été reprise avec beaucoup de profondeur dans le Pascal de M. Émile Boutroux (1900, p. 60 sqq.) et dans un article de M. Émile Faguet : Pascal amoureux, Revue latine, 25 octobre 1904, reproduit dans le volume intitulé : Amours d'hommes de lettres, Paris, 1907. M. Faguet a bien établi que la solution du problème devait se trouver dans un dosage des différentes parties du Discours, dans une sorte d'analyse qualitative, plutôt que dans une interprétation homogène et intégrale. Pour notre compte, nous serions disposé — en dépit des réserves que fait M. Victor Giraud dans son récent article de la Revue des Deux Mondes (15 octobre 1907) — à considérer comme acquis les points essentiels de l'argumentation de M. Faguet ; nous renverserions les termes de notre appréciation antérieure, et nous subordonnerions la dissertation de salon à l'expérience intime de l'amour. En tout cas, l'étude de M. Faguet doit servir de guide au lecteur pour la pratique de cette méthode où le jugement est fait d'impressions et de réflexions toutes personnelles.

Quant aux thèses plus générales que renferme le Discours, elles ont été étudiées par Sully-Prud'homme, Examen du Discours sur les Passions de l'Amour, Revue des Deux Mondes, 15 juillet 1890 (reproduit dans la Vraie religion selon Pascal, 1905, p. 415) et par M. Frédéric Rauh dans un excellent travail sur la Philosophie de Pascal (Annales de la Faculté de Bordeaux, 1891).