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RELATION DE JACQUELINE PASCAL 91

furent dites sur ce sujet, et la conclusion de toute cette affaire, que la gratitude ne m'a pas permis de tenir plus long temps secrette, quoy que le' peu de loisir que me laisse Fobeïssance où je suis semblast m'en oster tout moyen. Mais le grand désir ne trouve point d'obstacles ; c'est ce qui m'a fait surmonter celuy la aussy bien que tous les autres qui pouvoient s'offrir, entre lesquels vous ne doutez pas que la confusion de m'en acquitter si mal n'ayt esté un des plus grands. Mais il a fallu que toutes^ choses ayent cédé à mon devoir ; et puis je n'ay pas pré- tendu à bien faire, mais seulement à faire ce que je pou- vois. Si ma mémoire m'avoist esté assez fidelle pour me rapporter les propres termes de nostre Mère, je n'aurois pas besoin de vous faire d'excuse ; mais parce que je crains qu'elle ne l'ait pas fait en beaucoup de lieux, bien que je sois certaine qu'elle ne m'a point trompée pour le sens, je me sens obligée de vous supplier à n'avoir point d'égard à ce que^ j'ay peu gaster, et le séparer du reste : l'habitude que vous avez d'entendre nos- tre Mère vous fera aisément connoistre son style. Je vous supplie aussi de me pardonner, ma chère Mère, si cette lettre est si mal en ordre, si plaine de ratures, de pastez, d'additions et de tant d'autres desordres. Je l'aurois volontiers coppiée, pour satisfaire au respect que je vous dois ; mais j'ay si peu de loisir que je ne sçay quand j'au- rois pu m'en promettre la fin. Et puis je ne sçay pas si j'y eusse fait moins de fautes, en la rescrivant ; car outre que les espaces où je le puis faire sont si courtes, que la plus longue ne me laissa pas assez de temps pour en es- crire deux douzaines de lignes, et les ordinaires cinq ou six, c'est que je suis si souvent interrompue par des demandes

I. « j'auray. »

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