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CORRESPONDANCE DE PASCAL ET DE M. DE RIBEYRE

l’invention de cette Experience. Et quant au second poinct, je vous y satisferay aussi pleinement.

Ce second poinct est, que ce bon Père prétend que cette expérience a esté faite en Pologne avant que je la fisse en Normandie. C’est ce qu’il a advancé hardiment et sans hésiter : mais le bon homme est aussi mal instruit sur ce poinct que sur le précèdent.

Pour vous le tesmoigner, Monsieur, je metz en faict qu’il ne sçait aucune particularité de l’histoire de ces Experiences, et que si vous prenez la peine de luy demander seulement le nom de celuy qui a fait cette Expérience en Pologne, il n’y sçauroit respondre ; et que, si vous luy demandez encore en quel temps j’ay fait les miennes, et en quel temps ont esté faites celles de Pologne, vous verrez un homme très honteux et très embarrassé et cependant il s’ingère d’advancer hardiment que les miennes sont postérieures.

Pour l’en mieux informer, et luy donner moyen de paroistre plus intelligent qu’il n’est dans ce qui se passe parmy les personnes de lettres, il sçaura :

En premier lieu, que celuy qui a fait en Pologne les Expériences dont il a voulu parler, est un Père capucin, nommé Valerien Magni, et dans ces livres latins faicts sur ce sujet, Valerianus Magnus.

Il sçaura, en second lieu, que le Père Valerien n’a fait aucune chose que repeter l’Experience de Toricelli, sans y rien adjouster de nouveau.

Il sçaura, en troisiesme lieu, qu’il n’a fait en Po-