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CORRESPONDANCE DE PASCAL ET DE M. DE RIBEYRE

Et je croy mesmes que sans cet adveu public que j’en ay fait, elle auroit passé pour estre de mon invention, car les advis qu’on en avoit receus d’Italie avoient beaucoup moins esclatté que mes Experiences faites à Rouën en présence de tant de personnes.

Que si vous desirez sçavoir pourquoy je n’ay pas déclaré dans mon petit livret le nom de l’Auteur de cette Experience, je vous diray, Monsieur, que la raison en est, que nous n’en avions pas alors eu cognoissance, comme je l’ay déjà dit : si bien que n’en sachant pas le véritable Auteur, et voulant faire sçavoir cependant à tout le monde que je ne l’estois pas, je fis ce qui estoit en moy, en déclarant, comme vous avez veu, que Je n’en suis pas l’Inventeur, et quelle avoit esté faicte en Italie quatre ans avant mon escrit.

Mais comme nous estions tous dans l’impatience de sçavoir qui en étoit l’Inventeur, nous en escrivimes à Rome au cavalier Del Posso, lequel nous manda (long temps après mon imprimé), qu’elle est véritablement du grand Toricelli, professeur du duc de Florence aux Mathematiques[1]. Nousfusmes ravis d’apprendre qu’elle venoit d’un Génie si illustre, et dont

  1. La lettre de 1644, où Torricelli décrivait l'expérience, n’indiquait pas expressément qui en était l’auteur ; Marc-Antoine Dominicy avait, comme nous l’avons vu, prétendu à la fin de 1647 que Galilée en avait eu l’initiative (t. I, p. 326). Nous n’avons pas la lettre de del Pozzo. Nous avons seulement un passage d’une lettre de Mersenne à Hevelius qui montre qu’à la date indiquée par Pascal, il venait de recevoir d’Italie des renseignements relatifs à Torricelli : « Nunc vero Roma litteras recipio, quibus testatur Ricius Torricellum defunctum semi hyperbolæ quadraturam invenisse. » Lettre du i5 mars 1648, Bibl. Nat., f. lat. 10347, f° 167.