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LETTRE DE BLAISE PASCAL A Mme PERIER SA SŒUR 379

autres sont les disciples. Mais quant à nous, il n'en est pas de mesme ; car, comme l'Ange refusa les adorations d'un saint serviteur comme luy, nous te dirons, en te priant de n'user plus de ces termes d'une reconnoissance humaine, que tu te gardes de nous faire de pareils compliments, parce que nous sommes disciples comme toy.

Le second est sur ce que tu dis qu'il n'est pas né- cessaire de nous repeter ces choses, puisque nous les sçavons déjà bien; ce qui nous fait craindre que tu ne mettes pas ici assez de différence entre les choses dont tu parles et celles dont le siècle parle, puisqu'il est sans doute qu'il suffît d'avoir appris une fois celles-cy et de les avoir bien retenues, pour n'avoir plus besoin d'en estre instruit, au lieu qu'il ne suffît pas d'avoir une fois compris celles de l'autre sorte, et de les avoir connues de la bonne manière, c est à dire par le mouvement intérieur de Dieu, pour en conserver la connoissance de la mesme sorte, quoy que l'on en conserve bien le souvenir. Ce n'est pas qu'on ne s'en puisse souvenir, et qu'on ne retienne aussi faci- lement une epistre de saint Paul qu'un livre de Vir- gile ; mais les connoissances que nous acquérons de cette façon aussy bien que leur continuation, ne sont qu'un effet de mémoire, au lieu que pour y enten- dre ce langage secret et estranger à ceux qui le sont du ciel, il faut que la mesme grâce, qui peut seule en donner la première intelligence, la continue et la rende tousjours présente en la retraçant sans cesse dans le cœur des fidèles pour la faire tousjours vivre,

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