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ŒUVRES

autre corps pesant n’iroit pas, contre sa nature, chasser cet aer quand on luy en donneroit la liberté pour prendre sa place, comme il arive lorsqu’on oste cette sarbatane hors de l’escuelle du mercure seulement et qu’on la laisse dans l’eau, car alors le mercure comme plus pesant dessant dans le baquet, et l’eau monte dans la sarbatane et la remplit toute; ce qu’elle n’auroit pas fait, sy par quelque voye que ce puisse estre de l’air y fut entré. Ce capucin fit cette expérience en deux ou trois façons en mettant deux ou trois goutes d’eau avec le mercure dans la sarbatane auquel cas cet eau se discerne et se void fort bien sur le mercure, — mettant avec le mercure et les deux ou trois goutes d’eau un peu d’aer c’est à dire remplissant pas tout à fait la canne lorsqu’il la bouche du doigt pour la plonger dans l’escuelle qui est au fond de la cuvette plaine d’eau, auquel cas on void distinctement l’eau et l’aer au dessus du mercure mais non pas que ce peu d’aer qui se ramasse comme une boule se mette au haut du vuide de la canne : il demeure auprès de l’eau ; et sy on met la main dessus la chaleur le fait dilater, et en la retirant on voit qu’il se resserre. En fin voila une nouveauté qui fait crier plusieurs personnes en ce pays cy, qui la plus part donnent des raisons sy frivoles pour destruire cette expérience, qu’on est contraint d’en chercher plus loing. C’est pourquoy je vous suplie, sy vous aprouvé cette proposition que le vuide est possible en la nature, de la confirmer par vostre aprobation ; que sy vous estes de sentiment contraire, faitte moy la faveur de m’en envoyer les raisons... »

A cette lettre vint se joindre la Demonstratio ocularis du P. Magni[1]. Un court extrait suffira maintenant pour marquer la position historique et la position dogmatique du P. Magni : « Porro ex opusculo quodam Galilei de Galileis cognoveram,

  1. La Demonstratio se compose de deux parties, datée la première du 12 juillet 1647, la seconde du 12 septembre (le privilège est du 16 juillet).