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ŒUVRES

patoire, ils peuvent dire que le poids dont parle Galilée doit s'entendre de la région la plus basse de l'air où vivent les hommes et les animaux, mais que sur la cime des hautes montagnes l'air commence à être très pur et pèse beaucoup moins que le quatre centième du poids de l'eau[1] . »

Cette lettre, que Pascal ne paraît avoir connue que quelque temps après son arrivée à Paris, probablement au moment où Dominicy oppose les droits de Galilée à ceux de Torricelli (supra, t. I, p. 326), avait été communiquée à Mersenne dès 1644 ; on en trouve dans ses papiers des extraits, qui accompagnent le manuscrit de la Narration de Roberval.

Roberval inclinait à soutenir, de son côté, l'attraction universelle, la cohésion des éléments du monde qui opposait au vide le poids total de l'univers ; il en retrouvait l'action dans le tube barométrique où il observait des phénomènes de capillarité, où il insistait surtout sur l'impétuosité du liquide à se précipiter dans le tube. Sous l'influence de Roberval, comme M. Mathieu le conjecture[2], Mersenne accumule au dernier chapitre de ses Reflectiones les objections contre la colonne d'air; il y oppose cette attraction universelle des éléments dont parlait Aristarque. Tandis qu'à Rouen les expériences nouvelles avaient surtout semblé mettre en jeu le dogmatisme

  1. La lettre de Torricelli, avec la réponse de Michel Ange Ricci (18 juin) et la réplique de Torricelli (28 juin) a été publiée en i663 à Florence par Carlo Dati dans une publication intitulée : Littera a Filaleti di Timauro Antiate, della vera storia della Cicloide, e della Famosissima Esperienza dell'Argento vivo (Voir l'article de Jacoli dans le Bulletin Boncompagni, t. VIII, 1875, p. 288. n. i). Cette correspondance a été réimprimée en 1716 par Tommaso Bonaventura, dans l'introduction des Lezioni Accademiche, et en 1897 par M. Hellmann dans le septième fascicule des Neudrucke von Schriften und Karten über Meteorologie und Erdmagnetismus. Nous empruntons la traduction donnée par Charles Thurot dans son article du Journal de Physique, 1872, en y introduisant seulement quelques corrections de détail.
  2. Revue de Paris, i avril 1906, p. 582.