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parties du monde représentent au moins par leur unité ^ la parfaite unité qui ne se trouve qu’en Dieu, on ne peut pas légitimement leur porter le souverain respect, parce qu’il n’y a rien de si abominable aux yeux de Dieu et des hommes que l’idolâtrie, à cause qu’on y rend à la créature l’honneur qui n’est deu qu’au Créateur. L’Escriture est pleine des vengeances que Dieu a exercées sur ceux qui en ont esté coupables, et le premier commandement du Decalogue, qui enferme tous les autres, défend sur toutes choses d’adorer ses images ^ Mais comme il est beaucoup plus jaloux[1] de nos affections que de nos respects, il est visible qu’il n’y a point de crime qui luy soit plus injurieux ni plus détestable que d’aimer souverainement les créatures quoy qu’elles le représentent.

C’est pour quoy ceux à qui Dieu fait connoistre ces grandes vérités doivent user de ces images pour jouir de Celuy qu’elles représentent, et ne demeurer pas éternellement dans cet aveuglement charnel et judaïque qui fait prendre la figure pour la realité[2]. Et ceux que Dieu, par la régénération, a retirés gratuitement du pesché (qui est le véritable néant, parce qu’il est contraire à Dieu, qui est le véritable estre)

��1. C’est-à-dire par leur union avec le reste de la nature, par leur participation à l’unité même de l’univers.

2. Voir au ch. xx de l’Exode, versets 4 et 5.

3.

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  1. Allusion au Deus zelotes de ce même verset 5 de l’Exode.
  2. Cf. entre autres fragments des Pensées, page 151 de l’Autographe : « Le Messie, selon les Juifs charnels, doit estre un grand prince temporel » (Sect. IX, fr. 607).