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mencer par autre chose que par le tesmoîgnage du plaisir qu'elles m'ont donné ; j'en ai receu des satis- factions si sensibles que je ne te les pourray pas dire de bouche. Je te prie de croire qu'encore je ne t'aye point escrit, il n*y a point eu d'heure que tu ne m'ayes esté présente, où je n'aye fait des souhaits pour la continuation du grand dessein que Dieu t'a inspiré \ J'ay ressenti de nouveaux accez de joye à toutes les lettres qui en portoient quelque tesmoi- gnage, et j'ay esté ravi d'en voir la continuation sans que tu eusses aucunes nouvelles de nostrepart. Gela m'a fait juger qu'il avoit un appuy plus qu'humain, puisqu'il n'avoit pas besoin des moyens humains pour se maintenir. Je souhaitterois neantmoins d'y contribuer quelque chose, mais je n'ay aucune des parties qui sont nécessaires pour cet effet. Ma foi- blesse est si grande que, si je l'entreprenois, je ferois plustost une action de témérité que de charité, et j'aurois droit de craindre pour nous deux le malheur qui menace un aveugle conduit par un aveugle^. J'en ay ressenti mon incapacité sans comparaison

��I. Vide supra, t. I, p. 82.

3. Matth. XV, i4 : « Sinite illos : caeci sunt, et duces cœcorum : cxcus autem si cxco ducatum prœstet, ambo in foveam cadunt. » Ajou- tons que Pascal avait lu dans Saint-Cyran : « Il y a une terrible sen- tence dans l'Escriture laquelle doit espouvanter ceux qui cherchent la vraie voye qui mené à Dieu qu'un aveugle servira de guide à un au- tre aveugle et que tous deux tomberont dans la fosse, c'est-à dire « dans Tenfer. » — Dans la Onzième Provinciale il rappellera aux Jé- suites « celte parole de saint Augustin sur celle de Jésus-Christ dans l'EvanTile : Malheur aux aveugles qui conduisent ! malheur aux aveu- gles qui iiont conduits 1 Vœ caecis ducentibus ! vœ cxcis seqaentibus ! » [Contra Parinenianum, liv. 111, cap. ivj.

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