parce qu’ils n’en ont pas eu un pareil pour ceux qui ont eu sur eux le mesme avantage ?…[1].
Les secrets de la nature sont cachés ; quoy qu’elle agisse tousjours, on ne descouvre pas tousjours ses effects : le temps les revele d’aage en aage, et quoyque toujours egale en elle mesme, elle n’est pas tousjours egalement connue. Les experiences qui nous en donnent l’intelligence multiplient continuellement ; et, comme elles sont les seuls principes de la physique[2], les conséquences multiplient à proportion. C’est de cette façon que l’on peut aujourd’huy prendre d’autres sentiments et de nouvelles opinions[3] sans mespris et sans ingratitude, puisque les premieres cognoissances qu’ils nous ont données ont servy de degrés aux nostres, et que dans ces advantages nous leur sommes redevables de l’ascendant que nous avons sur eux ; parce que, s’estant eslevés jusqu’à un certain degré où ils nous ont portés, le
- ↑ « Lacune de cinq ou six lignes. »
- ↑ La physique est tout entière, pour Pascal, une science de fait ; cette conception s’oppose à celle de l’école cartésienne, pour qui l’expérience ne serait qu’un moment provisoire, auxiliaire et garantie de la déduction mathématique qui seule serait constitutive de la science. — Il est intéressant de rapprocher de ce texte le passage d’une lettre adressée par Auzoult à Pecquet, et imprimée par Pecquet à la suite de sa Dissertatio de chyli motu (1651) : « Non possum (vir Doctissime) quin demirer non paucorum vecordiam, qui existimant nihil in Physica post Aristolelem, nihil in Medicina post Galenum exquirendum : ita ut suam Scientiam, jam non ex Natura sed ex illorum libris hauriant… Melioribus sub auspiciis militas (Clarissime Pecquete) namque non ignoras nos in Physica si quid scimus, nihil scire præter Experimenta et Observationes. »
- ↑ Faugère avait donné, d’après le texte de Guerrier sans mépriser, sans ingratitude, et avait suppléé les anciens et.