Page:Œuvres de Blaise Pascal, II.djvu/132

Cette page n’a pas encore été corrigée

416 ŒUVRES

qu'il sort de ces grands soufïletz de forge où se fond le fer des mynes ; cet air, meslé, confondu et comme perdu dans ce tout, que nous appelons eau, et qui tombe à plomb par le canal de la voutte, se retrouve, et se sépare de l'eau grandement pressée entre la pierre qui la reçoit, et l'autre eau suivante qui la pousse ; et cet air, ne trou- vant en toute la chambre rien d'ouvert que ce canal qui est dans la muraille à un pied du pavé, poussé par le. suivant, s'engouffre dans ce canal, et sort de mesme vitesse que celuy de ces grands souffle tz, longs de plus de quinze pieds. Voilà une preuve peremptoire de l'air mes- langé avec l'eau, et de leur séparation artificielle et vio- lente : l'eau séparée et plus grossière s'escoule par le trou d'en bas a fleur du pavé, et l'air séparé sort par son canal un pied plus haut.

Je remarque icy une différence fort notable entre l'air qui est dans Feau (c'est le mesme des autres éléments) et l'air qui est meslé avec l'eau, faisant une partie du tout, ou meslange, que nous appelons eau : l'air dans l'eau faict un tout à part, que nous appelions air, et monte tousjours au dessus de l'eau ; l'air meslé avec l'eau faict un tout avec les autres éléments, que nous appelions eau, et ne s'en sépare point que par quelque violence

Le feu élémentaire se trouve aussy dans l'eau, meslé comme les autres éléments, et ne s'en sépare que quand il est fort contraint par la compression de l'eau; celle qui est chaude, et principallement celle qui boult, est plaine d'esprits ignées que nos charbons et nos fiâmes luy envoyent ; disons de mesme du soleil à l'esgard des eauës du monde : c'est pourquoy la nuict on veoid des flammes sur la mer, que les vaisseaux et autres corps font sortir de l'eau quand ils la froissent.

Qu'il y ayt de la terre dans l'eau, cela se veoid dans les

�� �