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RÉPONSE DE BLAISE PASCAL 105

du contraire, puisqu'elle est d'un des plus célèbres de nostre temps, et que vous avez peu veoir dans ses escrits, qui establit dans tout l'univers une matière universelle, imperceptible etinouye, de pareille sub- stance que le ciel et les éléments ' ; et de plus, qu'en examinant la vostre, j'ay trouvé qu'elle est sy imper- ceptible, et qu'elle a des qualités sy inouyes, c'est à dire qu'on ne luy avoit jamais données, que je treuve qu'elle est de mesme nature.

La période qui précède vos dernières civilitez, dé- finit la lumière en ces termes : La lumière est an mou- vement luminaire de rayons composez de corps lucides, c'est-à-dire lumineux; où j'ay à vous dire qu'il me semble qu'il faudroit avoir premièrement desfini ce que c'est que luminaire, et ce que c'est que corps lucide ou lumineux : car jusques là je ne puis enten- dre ce que c'est que lumière. Et comme nous n'em- ployons jamais dans les définitions le terme du défini, j'aurois peine à m'accommoder à la vostre, qui dit que la lumière est un mouvement luminaire des corps lumineux ^ Voila, mon père, quels sont mes senti- ments, que je soubzmettray tousjours aux vostres.

��1. Pour la matière subtile de Descartes, voir le Discours i*"" des Météores; les Principes, Part» II, §§ 22 et Part. III, §§ 52.

2. Plus de dix ans après, dans les réflexions sur l'Esprit Géomé- trique qui paraissent être de i658, Pascal rappellera cette critique du P, Noël : « Il y en a qui vont jusqu'à cette absurdité d'expliquer un mot par le mot mesme. J'en sais qui ont défini la lumière en cette sorte : « La lumière est un mouvement luminaire des corps lumi- neux » ; comme si on pouvoit entendre les mots de luminaire et de lumineux sans celui de lumière. » Pensées et opuscules, 4^ édit. 1907, p. 169.

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