8i ŒUVRES
pourroit pas estant meslangé. Si donc il se trouve une cause de cette séparation, la mesme pourra faire passer l'air séparé par des pores trop petits pour son passage, estant meslangé. Présupposons une chose vrave, que le verre a grande quantité de pores, que nous colligeons non seulement de la lumière qui pénètre le verre plus que dans d'autres corps moins sollides dont les pores sont moins fréquentes, quoy que plus grandes mais aussy d'une infi- nité de petits corps différents du verre que vous remarquez dans ces triangles^ qui font paroistre les iris, et de ce qu'une bouteille de verre bouchée hermétiquement ne se casse point en un feu lent sur des cendres chaudes.
Or, ces pores du verre si fréquentes sont si pettites, que l'air meslangé ne sçauroit passer à travers ; mais estant séparé et plus espuré de la terre et de l'eau, il pourra pé- nétrer le verre, comme le fil de fer, tandis qu'il est un peu trop gros, ne peut passer à travers le petit trou de fiUere, mais estant par force et violence menuisé, il passe facilement : l'eau boueuse ne passera pas à travers un linge bien tissu, où elle passe facillement estant séparée. La chausse d'Hyppocrate ^ et la filtration nous font tou- cher au doigt cette séparation des corps meslangez. Or, voicy la force et la violence qui tire l'air de son meslangé naturel, et le faict pénétrer le verre : le vif argent qui remplit le tube et touche l'air subtil et ignée que la four-
��I. « Triangle de cristal ou prisme », comme disait déjà Descaries (Les météores, discours VIII).
I. Chausse d'hypocras. — L'hypocras ou vinum hypocraticum était, suivant Littré, une « infusion de cannelle, d'amandes douces, d'un peu de musc et d'ambre, dans du vin édulcoré avec du sucre ». Pour la préparation de ce vin les apothicaires se servaient comme filtre « de manche de drap faite en pointe » qu'on appelle, dit Paré (XV, 89), chausse d'hypocras.
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