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BIOGRAPHIES

dans un temple ! Tous mes soupçons s’évanouissent ; la pieté reprend sa place ; et je ne vis jamais mieux la grandeur de Jupiter que depuis que je vois Epicure à genoux. » C’est assurément un beau spectacle que de voir M. Pascal régler sa vie par la maxime qu’il faut renoncer à tout plaisir, et que la maladie étant l’état naturel des Chrêtiens, on doit s’estimer heureux d’être malade, puisqu’on se trouve alors par nécessité dans l’état où l’on est obligé d’être. On fait bien de publier l’exemple d’une si grande vertu, on en a besoin pour empêcher la prescription de l’esprit du monde contre l’esprit de l’Évangile. On voit assez de gens qui disent qu’il faut se mortifier ; mais on en voit bien peu qui le fassent, personne n’appréhende de guerir quand il est malade, comme M. Pascal l’apprehendoit. Il y a même des Païs dans la Chrêtienté, où il n’y a pas peut-être un homme qui ait seulement ouï parler des maximes de ce Philosophe Chrêtien. » Année 1684, t. II, p. 531–533.

À partir de 1687 les éditions des Pensées qui se succèdent chez Desprez contiennent toutes la Vie telle qu’elle a été imprimée, sans les additions que la famille pensait encore à y faire, comme aussi sans les corrections que demandait l’impression fautive d’Amsterdam. C’est seulement en 1898 que M. Gazier nous a donné de lire un texte correct de la version imprimée. Voir l’article de la Revue d’histoire littéraire de la France, octobre 1898, et l’édition des Pensées à la Société française d’imprimerie et de librairie, Paris, 1907.

D’autre part, — et Mme Perier fait elle-même allusion au remaniement de son écrit, — on savait par un des meilleurs historiens de Port-Royal, le Dr Besoigne (Histoire de l’abbaye de Port-Royal, Cologne, 1752, t. IV, p. 469), qu’il existait une autre rédaction manuscrite de la Vie de Blaise Pascal. Besoigne avait extrait de cette rédaction un plan de l’ouvrage projeté par Pascal ; on pouvait soupçonner qu’il lui avait également emprunté un passage intéressant de son article sur Pascal[1]. Cette rédaction, qui devait être plus complète que la

  1. Vide infra, p. 93 ; cf. Pensées, 1904, t. II, p. 380, n. 2.