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BLAISE PASCAL

IV

Le privilège pris par Mme  Perier pour la publication de la Vie de son frère atteste qu’elle n’a pas renoncé à son projet. Elle attend une occasion plus favorable ; dans quelles dispositions, les trois lettres de 1682 que les Recueils Guerrier nous ont conservés, permettent de s’en rendre compte.

Lettre de Madame Perier à M. Audigier.

« J’ay esté bien surprise, monsieur, d’apprendre qu’un petit memoire que j’ay fait, il y a vingt ans, de quelques particularitez de la vie de mon frere, et qui me fut desrobé dés ce temps là, vous estant tombé entre les mains, vous avez eu la pensée de le faire imprimer. Je suis persuadée, monsieur, qu’estant amis comme nous sommes depuis si longtemps, vous n’avez pas cru me desobliger en cela. Ainsi je n’ay pas desisté de vous dire à vous mesme mes sentiments, sachant bien qu’aussy tost que vous les connoistrez, vous changerez de pensée. C’est un petit ouvrage que j’ay fait pour ma famille et pour quelques amis particuliers qui m’en avoient prié. Cependant, comme contre mon intention il s’en est publié plusieurs copies, il est arrivé souvent que des personnes qui me connoissoient et d’autres qui ne me connoissoient pas, ayant cru que le public pourroit estre edifié de cette lecture, ont pris le mesme dessein que vous ; mais ni les uns ni les autres n’ayant voulu le faire sans ma participation, je les ai priez de se dispenser de cette peine, parce que si je voulois que cette piece parut, je le ferois moy-mesme et je la mettrois en un autre estat qu’elle n’est. Ainsy personne ne l’a encore fait. Mais comme j’ay vu que j’estois souvent dans ce danger, j’ai obtenu un privilege fort ample pour m’en servir quand je voudrois pour imprimer cet ouvrage en la maniere

    la Pesanteur de la masse de l’Air, 1663 (vide infra, t. III, p. 267) et à la Préface des Pensées, 1670 (Hachette, 8o, 1904, t. I, p. clxxx).