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avoit dit de bouche ou qu'il avoit leu dans son traicté du pesché originel: c'est que J.-C. est venu au millieu des siècles aussy bien qu'au millieu de la terre. Mais comme il falloit quelques préparations pour faire cette supputation, on s'obligea de la faire à la première reveue. Il voullut, neantmoins, sçavoir par quel moyen on pourroit supputter cela ; on luy dit que l'on prendroit un nombre d'hommes bien certainement plus grand que celuy qui est à présent sur la terre, et quoy que ce monde n'eust pas tousjours esté sy peuplé comme il est à présent, que l'on le supposeroit ainsy afin que la preuve fust plus claire ; qu'on supposeroit aussy que le renouvel- lement des hommes se fist de quinze ans en quinze ans, ce qui n'^ arrive pas neantmoins ; d'un autre costé, qu'on supputeroit combien la terre a de pieds cubiques, ce qui n'est pas sy difficile, au moins prenant un nombre plus petit que le véritable, puisqu'on en sçait à peu près la cir- conférence ; et qu'enfin, donnant trente pieds de terre à chaque homme pour la composition de son corps, ce qui manifestement est de trop de plus de la moityé, on sçauroit combien elle pourroit composer d'hommes, et que l'on estoit bien asseuré que cela feroit un nombre sy grand que le monde devroit durer plus de quatre mille millions d'années ; et qu'ainsy, comme on sçavoit à peu près combien il y avoit que le monde avoit commencé, il falloit que l'un ou l'autre de ces deux sentiments fust faux, puisqu'il ne pouvoit pas se faire que ce monde durast 4000000000 d'années, et que J.-C. fut venu au milieu des temps ; car il s'en suivroit que depuis la création du monde jusques à la naissance de J.-C, il y auroit deux mil miUions d'années. — Il respondit que le nombre des

I. [arriva].

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