RÉCIT DE DEUX CONFÉRENCES 399
que Dieu prenne une matière desja existante. Il rapporta à ce propos, Foppinion qu'il attribua à S^ Thomas ^ tou- chant l'assomption d'une nature angelique, à sçavoir que SY Dieu voulloit prendre une nature angelique, il devroit en créer une nouvelle, de peur de destruire la personne dans celle qui existe desja ; et*, applicquant cela à la ma- tière première, il dit qu'il ne trouvoit aucune solution à cette difficulté. — Et comme on dit qu'il estoit très facille, dans le sentiment ordinaire de l'ÉgHse, de satisfaire à la difficulté qu'il prenoit du concile de Chalcedoine, on voullut luy apporter quelques manières d'y respondre ; mais on ne demeura pas d'accord de la notion de suppost et de subsistance, et après il ne voullut pas se contenter des responses que l'on apportoit.
On parla ensuitte de ce qu'il avoit dit dans la pre- mière conférence du nombre des hommes, et on voullut luy monstrerla fausseté de cette pensée, parce qu'on s'obli- gea de luy prouver que quand mesme on ne prendroit que la substance de la terre pour la composition des hommes, qui n'est pas considérable au regard de toutte la masse corporelle, le monde devroit durer encore plus de quatre ou cinq mille millions d'années, ce qui estoit absurde, et contredisoit à un autre de ses sentiments qu'il
��1. 11 semble, en effet, que Saint Thomas ait laissé la question in flécise. Cf. Summa Theologica, Part. III, c, IV, Art. 2. Conclasio : « Ad tertium dicendum, quod quidem dicunt Angelum non esse assumptibilem, quia a principio suae creationis est in sua per- sonalitateperfectus... Unde non posset in unitatem divinae personae assumi, nisi ejus personalitas destrueretur : quod neque convenit incorruptibilitati naturae ejus, neque bonitati assumentis, ad quem non pertinet, quod aliquid perfectionis in creatura assumpta corrumpat. Sed hoc non videtur excludere totaliter congruiUtem as- sumptionis Angelicae naturae, etc. »
2. [applicqua].
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