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RÉCIT DE DEUX CONFÉRENCES 39S

vyc d'estre esclaircy sur ce qu'il avoit dit Me J.-C. dans le premier entretien, et principalement sur la proposition qu'il avoit advancée que J.-G. n'estoit point animal, qu'il fondoit sur ce qu'il disoit qu'il n'avoit point de corps cor- ruptible, c'est-à-dire, subject à.la dissolution des éléments ; ce qu'il confirma en mesmes termes que le jour précè- dent.-— On luy opposa donc que, quand onconsulteroit la raison seule, on trouveroit que le corps de J.-C. debvoit estre corruptible, puisqu'il estoit composé et faict de touttes choses corruptibles, sçavoir : du sang de la Yierge, de son lait et des aliments ordinaires. — A quoy ilrespon- dit qu'on estoit bien loing de la vérité ; et pour y respon- dre par articles, il dit que ny le lait que J.-G. avoit sucé, ny les aliments dont il estoit nourry ne se tournoient pas en sa substance, et que tout ce que nous mangions nous mesmes ne se tournoit pas en la nostre ; mais qu'il s en va bien loing de nous aussy tost que nous l'avons mange, et qu'il se peut faire que par la circulation de la matière cela s'en aille à la lune ou ailleurs.- Cette response, jointe atout ce qu'on avoit entendu, continua de surprendre; et après avoir proposé quelque chose contre cela, comme on vit qu'il nioit les choses les plus sensibles, et qu'on s'esloignoit du dessein que l'on avoit d'estre esclaircy tou- chant J.-C, et que l'on descendoit dans la phisique, on voulut quitter ce discours. Quelqu'un, toutes fois, luy demanda d'où pouvoit venir que nous croissions, sy '- ce que nous mangions ne' se tournoit point en nostre sub- stance, et pourquoy un homme estoit plus grand qu un enfant ; il respondit que nous ne croissions qu'en appa-

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