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384 ŒUVRES

ché de Topinion de S^ Augustin, et que sans luy la science* de Tefficacité de la grâce se fust perdue ; que S* Augustin avoit assez approfondy cette matière, que pour son sentiment il embrassoit ce qu'il y avoit de véritable dans touttes ces deux oppinions, et qu'en cela consistoit l'excellence de sa doctrine que tout ce quy se rencontroit de véritable espartz dans toutes les oppinions se rencon- troit ramassé en son lustre dans sa doctrine etquetous^ les sentiments mesmes les plus extravagants de tous les anciens philosophes, et les oppinions qui sembloient les plus ri- diculles quand on les consideroit destachées des vrays prin- cipes estoient neantmoins véritables et paroissoient très conformes à la raison unis aux principes de sa doctrine, par ce qu'on cognoist tousjours la vérité et qu'on ne^ se trompe jamais, que n'en cognoissant qu'une partye ou en excluant quelque chose que toutes ces vérités neantmoins n'estoient pas recognoissables estant séparées*. Et à ce propos il apporta une comparaison pour faire mieux con- cevoir sa pensée^ (qui paroissoit impossible puisque la

��1. [et].

2 . [ses] .

3. [les trompersi],

[\. Il est impossible de ne pas songer à la conciliation des contraircâ dans l'orthodoxie, telle que Pascal la professe à travers les fragments de Pensées.\o\T en particulier l'autographe, fo 276 (sect. XIV, fr. 862) : « Il y a donc un grand nombre de veritez, et de foy et de morale, qui semblent répugnantes, et qui subsistent toutes dans un ordre ad- mirable. La source de toutes les hérésies est l'exclusion de quelques unes de ces veritez ; et la source de toutes les objections que nous font les hérétiques est l'ignorance de quelques unes de nos veritez. Et d'ordinaire il arrive que, ne pouvant concevoir le rapport de deux veritez opposées, et croyant que l'aveu de l'une enferme l'exclusion de l'autre, ils s'attachent à l'une, ils excluent l'autre, et pensent que nous, au contraire. Or l'exclusion est la cause de leur hérésie ; et l'ignorance que nous tenons l'autre, cause leurs objections. »

5. La parenthèse ajoutée à la revision du manuscrit.

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