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motif.Et, comme on*[n'] en tendoit pas touttes ces façons de parler, on luy demanda seulement sy Jésus Christ n'estoit pas animal raisonnable. — Ilrespondlt qu'il n'estoit point animal. — Cette proposition chocqua toute l'assemblée; car il sembloit que cela ne sepust nier qu'en niant que J.-C. eust esté sensible, puisque la notion commune d'animal est un vivant sensible. Apres avoir quelque temps parlé sur cela, pour mettre fin aux disputtes, on luy demanda ce qu'il entendoit par animal. — A quoy il respondit que pour estre animal, il falloit avoir un corps corruptible, et que J. C. n'avoit de corps corruptible. — On leprya d'ex- pliquer quelle corruption il entendoit, parce que la plus grande corruption estoit la mort. — Il dit qu'il entendoit la dernière corruption qui se fait par la dissolution des élé- ments, et que le corps de J.-C. n'avoit point esté subjet à cette dissolution. Il dit pareillement que la Vierge faisoit une espèce à part et distincte de celle des autres hommes^, à cause qu'elle estoit produite par un autre motif que le reste des hommes, et que pour tout le reste des hommes ils estoient d'une mesme espèce. — On luy demanda ce que c'estoit qui faisoit les diverses espèces. — Il respondit que c'estoit la diversité des motifs, et qu'ainsy tous les hommes ne constituoient qu'une espèce, h cause qa'ils estoient produits par un mesme motif. — Entre beaucoup de difïïcultés qui se presentoient à un chacun à luy proposer sur tous ces discours, on luy dit seuUe-

��1. Man: entendoit.

2. « SUR LA SIXIEME :

Que la Vierge constitue une espèce à part et distincte de celle de tous les autres hommes.

7/ respond :

Qu'elle est de mesme espèce, et que la nature ne la distingue pas 'de tous les autres hommes. »

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