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tre ans auparavant, le P. Maignart, de l’Oratoire, s’était brusquement démis de la cure de Sainte-Croix-Saint-Ouen pour obéir aux scrupules que l’entretien de Saint-Cyran avait fait naître dans sa conscience ; on comprendra que Pascal, une fois proposée la nomination de Jacques Forton à une cure de Normandie, se soit refusé à tout accommodement, qu’il ait poussé jusqu’à la dernière limite son action auprès de l’archevêque de Rouen.

Cette action, nous la connaissons par les pièces officielles de la procédure, et aussi par la curieuse correspondance de l’archevêque avec Camus, évêque de Belley. François de Harlay occupait le siège de Rouen depuis une trentaine d’années (qu’il devait résigner cinq ans plus tard en faveur de son neveu, François Harlay de Champvallon, le futur archevêque de Paris, le futur persécuteur de Port-Royal) ; il était malade et retiré à Gaillon. Camus, le disciple de saint François de Sales et l’un des écrivains les plus féconds du siècle[1], remplissait auprès de lui les fonctions de coadjuteur. Manifestement, pour Camus l’affaire Saint-Ange est sans gravité ; il ne cherche qu’à clore l’incident de la façon la plus simple et la plus rapide. Mais chaque fois aussi que Camus croit pouvoir annoncer l’accord qui met Jacques Forton hors de cause, Pascal, Auzoult, Dumesnil accourent à Gaillon, tant pour justifier leur bonne foi que pour renouveler leur accusation, et l’archevêque, soit pour des raisons de doctrine, soit par crainte d’augmenter la division des partis politiques et religieux, oblige Camus à rouvrir l’information jusqu’à ce que satisfaction ait été donnée aux exigences des plus formalistes.

Voici maintenant, avec leurs dates, les différentes phases de la procédure.

  1. Né le 3 novembre 1582, il avait quatre ans de plus que l’archevêque de Rouen. Il mourut le 26 avril 1653. La bibliographie de Camus occupe 35 colonnes du Catalogue de la Bibliothèque Nationale (t. XXIII, col. 140-175). Sainte-Beuve lui a consacré quelques pages de son Port-Royal (5e édit., t. I, p. 241-244).