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ESSAY POUR LES CONIQUE

semblable puisque « elle supposerait, pour l'Essay, de la part de Descartes, une admiration dont il ne témoigne guère et qu’il n’était pas dans son caractère d’éprouver. » De fait, nous n’avons aucune raison de croire que Descartes n’exprimait pas le fond de sa pensée lorsqu’il disait que le jeune Pascal avait appris de Desargues. C’était là l’exacte vérité. Pascal ne s’en cache pas, et l’on s’aperçoit à première vue que la terminologie de l’Essay est en partie empruntée à Desargues. D’ailleurs l’influence exercée par Desargues sur Pascal était reconnue par tous les contemporains. Oldenburg, par exemple, écrivait à Leibniz en lui signalant le traité des coniques : « Inaudivimus hune tractalum… inslstere methodo Des-Argueanae quam forte ceu viri illius discipulus imbiberat » (Oldenburg à Leibniz, 6 avril 1678. Cf. infra, t. II, p. 218). La même opinion est exprimée aussi bien par les détracteurs que par les amis de Desargues. Ainsi Grégoire Huret [1], dans un pamphlet ayant pour titre : « Secret fondamental du traité des coniques du sieur Desargues intitulé : Leçons de ténèbres et Brouillon-projet, ensemble quelques considérations dessus » parle de « Monsieur Pascal fils, son disciple (de Desargues) en cette matière ». Et Bosse, l’élève favori du géomètre lyonnais, déclare à la fin de son Traité des pratiques géométrales {OEuv. de Desargues, II, 58) que Desargues avait l’estime de feu Monsieur Pascal, seigneur d’Ethonville, la merveille du siècle, « qui a publié de luy en 1640 dans un imprimé intitulé Essai pour les coniques ».

Personne n’ignorait donc que Pascal, pour composer son

  1. La critique de Huret est insérée dans un ouvrage de perspective publié en 1670 (Voir les Œuvres de Desargues, Ed. Poudra, t. II, p. 210 et sqq.). Iluret déclare avoir relevé dans VEssay pour les Coniques six fautes qui, dit-il, peuvent peut-être passer pour des fautes d’impression « quoy qu’elles y corrompent partie des hypothèses ou costez des plans rectangles qui doivent constituer les raisons et proportions qui servent aux démonstrations ; mais comme aussi que ce que les droites PQ et NO manquent en la première des trois figures n’est que du fait du tailleur en bois. »