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ŒUVRES

ment long et embarrassé, et tout ce qu’il a demonstré est de soy assez facile. Mais on peut bien proposer d’autres choses touchant les Coniques qu’un enfant de 16 ans auroit de la peyne à demesler. » — Le 11 mars 1640, Descartes dit n’avoir pas encore reçu l’essai de Pascal, que Mersenne lui avait promis (Œuv. de Descartes, III, p. 40). Le 1er Avril 1640, il l’a reçuet il écrit (ibid., III, p. 47) : « J’ay receu aussi l’Essay touchant les Coniques du fils de M. Pascal, et avant que d’en avoir lû la moitié, j’ay jugé qu’il avoit apris de Monsieur des-Argues ; ce qui m’a esté confirmé, incontinent après, par la confession qu’il en fit luy-mesme. »

Ces quelques lignes de Descartes soulevèrent une polémique assez inattendue[1], si bien qu’en marge de la seconde édition des Lettres de Mr Descartes, Clerselier crut devoir les commenter en ces termes : « Des personnes qui croyent le bien sçavoir disent que cela est faux : cela peut estre faux ; mais je me doute point que M. Descartes ne dise vray, car il n’estoit pas homme à controuver des mensonges. » D’autre part, on lit dans la Vie de Monsieur Descartes de Baillet (II, p. 40) : « Lorsqu’ensuite de quelques éclaircissemens, il [Descartes] vid qu’il estoit hors d’apparence de rien attribuerde cet ouvrage [l'Essay pour les Coniques] à son amy M. des Argues, il aima mieux croire que M. Pascal le Père en estoit le véritable Auteur, que de se persuader qu’un enfant de cet âge fût capable d’un ouvrage de cette force[2]. » (Cf. la Préface au Traité de l’Equilibre des Liqueurs, infra, t. III, p. 27.3.)

Paul Tannery montre que cette histoire est fort invrai-

  1. Cf. sur cette polémique et sur l'Essay pour les Coniques les éclaircissements donnés par Paul Tannery dans l’édition des Œuvres de Descartes, III, p. 53 et sqq.
  2. Baillet ajoute : « M. de Roberval, M. le Pailleur et les autres amis de Messieurs Pascal se récrièrent contre une opinion qui ne leur paroissoit pas assez obligeante pour un enfant d’un si grand mérite. En quoi ils furent suivis de Messieurs de Port-Royal qui firent donner sur ce point un avis à M. Clerselier après qu’il eut rendu public ce témoignage de M. Descartes par la première édition de ses lettres. »