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ETIENNE PASCAL ET ROBERVAL A FERMAT

val et Étienne Pascal s’en firent les défenseurs ; ils soutinrent en faveur du géomètre de Toulouse une polémique restée célèbre (Voir Œuv. de Descartes, Ed. Adam et Tannery, t. II, lettres CX et suivantes). Il est vrai que Baillet, parlant de la principale pièce du procès, nous dit que « quoiqu’écrite au nom des deux amis de M. de Fermat, elle étoit toute du stile de M. de Roberval et que M. Pascal n’y avoit eu d’autre part que celle du consentement et de la communication. » (La Vie de Monsieur Descartes, I, p. 332[1].) Nous n’avons cependant aucune raison de croire que la collaboration d’Étienne Pascal n’ait pas été effective. Dans le débat de 1637 comme dans celui de 1636, son nom est toujours associé à celui de Roberval ( « Tout conseillers & présidens & grands géomètres que soient ces messieurs-là… », dit Descartes), et, selon MM. Adam et Tannery, « la part d’Etienne Pascal a pu être d’autant plus grande qu’en réalité Roberval rédigeait très difficilement « (Œuvres de Descartes, II, p. 14). V. aussi infra, t. XI, p. 346.

Les mérites scientifiques d’Etienne Pascal étaient tenus par ses savants amis en très haute estime. On en jugera par le témoignage suivant que nous empruntons à une dédicace du Père Mersenne (Harmonie Universelle contenant la théorie et la pratique de la Musique[2] Paris, 1636. Dédicace du sixième livre (Des Orgues) du Traité des Instrumens). Mer-

  1. Baillet ajoute : « M. Descartes et ceux qui avoient l’honneur de connaître cet illustre magistrat [Étienne Pascal] sçavoient assez que, le style de la langue ou de la plume n’étant que l’impression de l’âme, M. Pascal auroit choisi pour écrire contre M. Descartes des manières plus conformes à luy-même. Le mérite de cet homme se faisoit déjà reconnoître par bien d’autres endroits que par celuy des Mathématiques,… & M. Descartes, qui n’avoit point le discernement mauvais, n’hésita point à se flater de son amitié dans le temps même qu’il le voyoit engagé dans le parti de ses ennemis. »
  2. Ainsi que le fait remarquer Brunet dans le Manuel du Libraire, les exemplaires de l’ouvrage de Mersenne ne sont pas tous complets. La Dédicace à Pascal se trouve dans l’exemplaire de la Bibliothèque Nationale qui porte la cote : Rés. V, 588.