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Alors qu’au Mont-Cénis, d’un geste de sa main,
Le jeune Bonaparte imposait un chemin,
Et que, du haut des monts, l’armée enorgueillie
Contemplait sous ses pieds l’éclatante Italie.
Ils passent tour à tour, dans leur rapide élan,
De Crémone à Lodi, de Mantoue à Milan,
Et répètent sans fin cette magique histoire
Où chaque nom de ville est un nom de victoire…
Cependant, autour d’eux leurs compagnons assis
Des Homères du camp écoutent les récits ;
Et l’étrange bivouac que la nuit enveloppe,
Dans un cadre d’Asie offre un tableau d’Europe.
Les pieds heurtent souvent les sabres africains,
Les turbans dont les plis recèlent des sequins ;
Des étalons sans maître, errant à l’aventure,
Passent en hennissant parmi la foule obscure ;
Vers le fond de la scène, acteurs silencieux,
Des Mamelucks captifs on voit luire les yeux,