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Ils embrassent du Nil les ondes fugitives :
Du rivage envahi, de longs feux soutenus
Atteignent, sous les flots, les nageurs demi-nus.
Quand la nuit s’effaça, la diligente aurore
Vit du sang des vaincus le fleuve rouge encore ;
Sur le Nil limoneux on vit flotter long-temps
Les turbans déroulés, les splendides caftans,
Les pelisses dont l’or dessine les coutures,
Les housses des chevaux, les soyeuses ceintures ;
Et ces flottans débris, que la vague apporta,
Contèrent la bataille aux peuples du Delta.

Ainsi le fier Mourad, dans sa fuite hâtée,
Abandonne aux chrétiens la plaine ensanglantée ;
Il s’arrête parfois : ses regards incertains
Cherchent à l’horizon les pavillons lointains,
Et le mont sablonneux où, debout dès l’aurore,
Sa tente était si belle au pied du sycomore :