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Et sous les pieds sanglans des six mille chevaux
La mitraille a passé comme une immense faux.
Jour de mort et de deuil, où l’Égypte étonnée
Vit de ses Mamelucks l’élite moissonnée !
 A ses plus braves chefs Mourad a survécu :
Quel œil reconnaîtrait le superbe vaincu ?
Sous la poudre et le sang qui sillonnent sa face,
On voit briller encore une farouche audace ;
Haletant de fatigue, il ne tient qu’à demi
Le tronçon d’un damas brisé sur l’ennemi,
Et quitte en soupirant ces plaines funéraires
Qu’inonda sous ses yeux le sang de ses vingt frères.
De ces héros tombés pour l’honneur du Croissant,
Un seul restait debout : guerrier adolescent,
Jamais, jusqu’à ce jour, son audace contrainte,
Du Kaire paternel n’avait franchi l’enceinte ;