Page:Œuvres de Barthélemy et Méry, tome 3, 1831.djvu/83

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Sur son cheval de guerre il commande, et sa tête,
Sublime de repos, domine la tempête :
Mourad l’a reconnu. « Bey des Francs, lui dit-il,
Sors de tes murs de fer, viens sur les bords du Nil ;
Et là, seuls, sans témoins, que notre cimeterre
Dans un combat à mort dispute cette terre ! »
À ces cris de Mourad, vingt braves réunis
Frémissent de laisser tant d’affronts impunis ;
À leur tête Junot, Lannes, Berthier, La Salle,
Du centre aux ennemis vont franchir l’intervalle ;
En même temps, au flanc des bataillons froissés,
Six mille Mamelucks tombent à flots pressés ;
C’est l’heure décisive : un signal militaire
Tonne, et, comme l’Etna déchirant son cratère,
L’angle s’ouvre, et soudain, sur les rangs opposés,
Les canons ont vomi leurs arsenaux brisés ;
Les grêlons, échappés à leur bouche qui gronde,
Volent avec le feu dans la masse profonde,