Page:Œuvres de Barthélemy et Méry, tome 3, 1831.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Levait, dans le sérail, son voile diaphane ;
Un vieux marchand d’Ormus, par Mourad appelé,
Ce matin l’a vendue aux eunuques d’Hellé.
Mourad a respiré son haleine amoureuse,
Plus douce qu’un parfum de l’Arabie-Heureuse ;
L’ivresse dans son cœur fermente : il va saisir
Un sein tout palpitant de honte et de plaisir…
Tout-à-coup les éclats d’une voix inconnue
Ébranlent du sérail la sonore avenue ;
L’Africain monstrueux, argus des corridors,
Répond par un cri rauque aux clameurs du dehors ;
L’impétueux Mourad, qui de rage frissonne,
S’élance au vestibule où cette voix résonne ;
Sur le seuil du palais il pose un pied hardi,
Et tressaille de joie en voyant El-Mohdi.
« Entre ! » lui dit Mourad, et sa main familière
Ouvre de son divan la salle hospitalière.