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Qu’il goûte du harem le suave poison !
Le soleil de demain sera moins doux peut-être !
Qu’il soit heureux encor, ses femmes vont paraître !
Voici l’heure pudique où l’eunuque thébain,
Haletantes d’amour, les ramène du bain ;
De jeunes icoglans, nés dans la Géorgie,
Rangent autour des murs l’éclatante bougie ;
D’autres sur les divans sèment les doux coussins,
Portent les mets exquis sur de larges bassins,
Et jettent dans le vase où le tison pétille
Du sérail de Stambul l’odorante pastille.
Les femmes cependant, que le bey suit des yeux,
Marchaient sur les tapis d’un pas silencieux,
Quand au signal du maître un esclave d’Asie
Touche d’un doigt léger l’odalisque choisie ;
La captive s’arrête, et deux eunuques blancs
Jusqu’aux pieds de Mourad guident ses pas tremblans.
Pour la première fois la timide Persane