Page:Œuvres de Barthélemy et Méry, tome 3, 1831.djvu/50

Cette page n’a pas encore été corrigée

Tous le suivent des yeux ; teint de poudre et de sang,
Sur la plus haute tour il arrache un croissant.
« Attends ! » dit Koraïm ; de ses bras athlétiques
Il rompt le dur ciment des murailles antiques,
Et sous le vaste bloc du rempart assailli
Menou, deux fois blessé, retombe enseveli.
Au milieu des débris et des flots de fumée
Kléber est apparu ; le géant de l’armée
S’est frayé dans les airs d’audacieux chemins :
Il embrasse une tour de ses puissantes mains.
Déjà l’on distinguait à son immense taille
Le Germain colossal debout sur la muraille,
Quand un soldat farouche, Arabe basané,
Rampant sur les créneaux, jusqu’à lui s’est traîné ;
Souliman est son nom, sa patrie est le Kaire.
C’est là que des Imans ont instruit le sicaire,
Qui, maigre d’abstinence et dévoré de fiel,
Par un meurtre éclatant veut conquérir le ciel.