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Son regard, comme un feu qui jaillit dans la nue,
Sillonne au fond des cœurs la pensée inconnue ;
De l’instinct de sa force il semble se grandir,
Et sa tête puissante est pleine d’avenir !…
Debout, les bras croisés, l’œil fixé sur la rive,
Le héros va parler, et l’armée attentive
Se tait pour recueillir ces prophétiques mots
Que mêle la tempête au son rauque des flots :
« Soldats, voilà l’Égypte ! Aux lois du cimeterre
Les beys ont asservi cette héroïque terre ;
De l’odieux Anglais ces dignes favoris
À notre pavillon prodiguent le mépris,
Et feignent d’ignorer que notre république
Peut étendre son bras jusqu’aux sables d’Afrique.
L’heure de la vengeance approche ; c’est à vous
Que la France outragée a confié ses coups.
Compagnons ! cette ville où vous allez descendre,
Esclave de Mourad, est fille d’Alexandre ;