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Abattra dans leur vol les boulets des chrétiens. »
Il dit, en même temps le centaure sauvage
Lance vers l’ennemi le sable du rivage,
Et du divin Prophète invoquant le saint nom,
S’élance sur la ligne où gronde le canon.
Des tribus du Sennâr la stupide phalange
Hurlait avec respect les paroles de l’Ange.
Ô terreur ! Tout-à-coup le céleste envoyé
Bondit dans un éclair et tombe foudroyé…
Un long cri d’épouvante éclate dans la nue ;
Tout fuit : en ce moment une femme inconnue,
Sibylle du Koran, qui de son noir talon
Excite les flancs nus d’un sauvage étalon,
Vers le corps d’El-Mohdi vole et se précipite.
D’un infernal amour son sein ridé palpite ;
Sa main sèche, exercée à fouiller les tombeaux,
Lie aux crins du coursier le cadavre en lambeaux ;
L’étalon, effrayé du fardeau qui le souille,