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Arrivent les tribus de la zône africaine ;
Le hideux El-Mohdi sur ses pas les entraîne ;
Sa voix a réveillé ces enfans des déserts :
L’olivâtre Bédouin sorti des lacs amers,
Le Maure du Sennâr, l’Abyssin qui dévore
La chair des noirs taureaux qui mugissent encore,
L’Arabe qui suspend aux créneaux d’une tour
Sa hutte de roseaux comme un nid de vautour,
Tous les peuples, depuis les rives du Takase,
Bords inhospitaliers que le Cancer embrase,
Jusqu’aux lieux où le Nil, pour la dernière fois,
De la blanche cascade entend mugir la voix.
Devant nos bataillons ces hordes rapprochées
S’arrêtent ; tout-à-coup leurs flèches décochées,
Comme un nuage obscur levé sur l’horizon,
Portent à l’ennemi la mort et le poison.
Autour des rangs français le noir essaim bourdonne :
Tout-à-coup, au signal que Bonaparte donne,